Ce cannabis médical fait l’objet d’évaluations cliniques et de nombreuses études dans le monde ont permis de justifier son utilisation.
Le chanvre est une plante annuelle de la famille des Cannabaceae et plus précisément il s’agit d’une sous-espèce de Cannabis sativa L., qui se distingue du cannabis par sa faible teneur en THC (Tétrahydrocannabinol). Du fait de cette faible teneur, le chanvre n’est pas considéré comme un stupéfiant mais sa culture est réglementée et contrôlée pour s’assurer que le taux de THC ne dépasse pas la limite fixée.
Depuis plus de 10 000 ans, l’homme pratique la culture du chanvre et en exploite les fibres dans une multitude d’applications telles que la confection de tissus, l’élaboration de matériaux de construction, la fabrication de cordage et de papier ou encore comme combustible. Cette agriculture a également été très importante pour l’alimentation humaine et animale ainsi que la production d’huile. Pendant longtemps, la production de textile issu des fibres de la plante a occupé une place majoritaire dans la fabrication de vêtements, jusqu’à ce qu’elle soit supplantée par l’utilisation de la fibre de coton.
De nos jours, l’utilisation de la fibre de chanvre pour la production de textile bio et de vêtements semble bénéficier d’un regain d’intérêt en France du fait de ses avantages sur le plan écologique.
Son histoire médicinale à travers les âges est indissociable de celle du cannabis médical. Par conséquent, nous n’aborderons dans cette page que les aspects les plus récents, associés aux différentes utilisations du chanvre industrielle dans le secteur médical et pharmaceutique.
Entre le 19e et le début du 21e siècle, la plante était utilisée essentiellement en cosmétique. En effet, les graines de chanvre servaient à préparer de l’huile de chanvre utilisée par les barbiers pour calmer les inflammations et les irritations provoquées par le rasage. Par la suite, cette huile a été largement utilisée dans de nombreux cosmétiques puis des compléments alimentaires entre la fin du 20e et le début du 21e siècle.
Aujourd’hui la filière du chanvre connait un nouvel essor grâce à la popularisation et à la démocratisation du CBD (cannabidiol). De fait, certaines variétés de chanvre sont particulièrement prisées pour extraire le CBD et générer tout une gamme d’articles dérivés : compléments alimentaires, cosmétiques et médicaments.
Les graines de chanvre et les parties aériennes fleuries de la plante sont utilisées pour élaborer des produits de santé. La récolte des parties aériennes est réalisée dès la fin de la floraison, vers septembre ou octobre. La récolte du chènevis (terme employé pour désigner la graine) doit s’opérer 4 à 6 semaines environ après la fin de la floraison. La plante étant naturellement résistante aux maladies et aux ravageurs, son agriculture 100% bio est relativement aisée et les producteurs n’ont pas besoin d’ajouter d’intrants chimiques dans les sols pour obtenir de bons rendements.
Les graines contiennent des glucides, des protéines, des fibres, des acides gras saturés et insaturés (oméga 3, oméga-6, oméga-9), des vitamines (B1, B2, B3, B6, B9, C, E) et des oligo-éléments.
Les parties aériennes et en particulier les fleurs de chanvre renferment plus d’une centaine de phytocannabinoïdes (dont le fameux cannabidiol), une huile essentielle avec environ 200 terpènes, plus d’une vingtaine de flavonoïdes, des fibres végétales et des acides gras. Il existe de très nombreuses variétés de chanvres, ayant chacune un profil chimique et des ratios en phytocannabinoïdes qui lui sont propres. Cependant, leur caractéristique commune est un taux très faible de tétrahydrocannabinol.
Au sein de l’organisme, les phytocannabinoïdes interagissent avec le système endocannabinoïde (réseau complexe de récepteurs CB1 et CB2, d’enzymes et de ligands) mais également avec beaucoup d’autres cibles : des enzymes, des transporteurs, des récepteurs et des canaux ioniques.
Les propriétés médicinales du chanvre (non psychotrope) découlent principalement de celles du CBD et des phytocannabinoïdes qu’il renferme. Notez bien que le cannabis médical quant à lui présente en plus des propriétés distinctes découlant des actions pharmacologiques du THC (psychotrope). Il s’agit de domaines d’études en plein essor, avec un nombre croissant de travaux et de publications scientifiques, ce qui suggère qu’il reste encore beaucoup à apprendre sur ces sujets.
Voici, ci-dessous récapitulées, les principales propriétés du chanvre identifiées à ce jour :
Concernant la culture du chanvre, l’Union européenne a défini en 2023 la limite à 0.3% de THC (limite qui était à 0.2% en France) afin d’harmoniser les réglementations entre les différents pays européens. Ainsi, les variétés présentant des taux supérieurs à 0.3% sont interdites.
Concernant les produits de santé qui proviennent de la culture du chanvre, l’encadrement réglementaire est en constante évolution mais voici un état des lieux de la situation au moment de la rédaction de cette page :
Pour les parties de plante non transformées (feuilles et fleurs séchées), un arrêté avait été publié en décembre 2021 pour les interdire mais le Conseil d’Etat a suspendu ce texte. En attendant sa décision finale, leur vente reste possible à condition que le produit fini ne contienne pas plus de 0.3% de THC.
les fabrications dérivées du chanvre peuvent répondre à différents statuts (médicament, cosmétique, complément alimentaire ou encore produit alimentaire). S’il existe de nombreux produits à base d’huile de graine de chanvre (cosmétiques et compléments alimentaires), ce sont surtout ceux à base d’extrait de cannabidiol qui ont depuis quelques années le vent en poupe que ce soit en France comme dans beaucoup d’autres pays.
Ces extraits se présentent le plus souvent sous la forme d’huile sublinguale appelée « huile de CBD », de crèmes, de baume et de capsules ou gélules à avaler. Ces dérivés de chanvre sont commercialisés en pharmacie mais aussi dans des boutiques nommées « CBD shop ».
Ces boutiques spécialisées commercialisent le CBD sous une multitude de formes différentes (incluant des cristaux, des gummies et des e-liquides pour cigarettes électroniques) ainsi que des fleurs de chanvre pour la vaporisation ou l’infusion. Néanmoins, il convient de rappeler que ces boutiques ne s’adressent qu’aux personnes n’ayant pas de problème de santé et que les patients sont plutôt invités à se rendre en pharmacie pour bénéficier de conseils appropriés.
Trois catégories d’extraits se distinguent :
Ces extraits peuvent se retrouver formulés avec différentes huiles comme l’huile de chanvre ou encore l’huile de coco et des arômes naturels y sont fréquemment ajoutés pour en adoucir le goût.
Certaines marques proposent des mélanges permettant d’associer les vertus du chanvre à celles d’autres plantes médicinales.
Le cannabis médical englobe différents produits dont des extraits de CBD associés ou non à du THC utilisés pour traiter des patients souffrant de certaines formes d’épilepsie, de douleurs neuropathiques, des personnes en soins palliatifs ou encore pour soulager la spasticité de la sclérose en plaque.
Ce cannabis médical fait l’objet d’évaluations cliniques et de nombreuses études dans le monde ont permis de justifier son utilisation.
Le chanvre « bien-être » fait référence quant à lui aux extraits de CBD et aux fleurs séchées qui sont destinés à des sujets sains ou en tout cas ne présentant pas de pathologie grave. Ces produits ne sont donc pas assimilés à des médicaments et il n’existe pas d’essais cliniques pouvant étayer leurs allégations. Toutefois, plusieurs travaux réalisés sur le cannabidiol (y compris en isolat ou d’origine synthétique) ont tout de même permis par extrapolation d’encourager l’utilisation des extraits de chanvre pour aider à soulager certains troubles mineurs et sans gravité.
Par consensus au sein de la communauté des professionnels de santé, les extraits de chanvre « bien-être » disponibles en pharmacie sont surtout conseillés pour diminuer l’anxiété et le stress, améliorer certains problèmes de peau tels que l’acné, favoriser le sommeil et réduire les douleurs bégnines d’origine inflammatoire de faible intensité.
D’une personne à l’autre il y a une importante variabilité dans le système endocannabinoïde. Par conséquent, tout le monde ne présente pas la même sensibilité ni la même tolérance vis-à-vis des phytocannabinoïdes contenus dans le chanvre. En pratique, cela se traduit par la nécessité d’augmenter les doses très progressivement afin d’identifier la dose optimale pour un individu donné.
Les extraits de chanvre à base de cannabidiol sont couramment bien tolérés mais ils peuvent présenter des effets indésirables.
Ils sont souvent liés à un dosage trop élevé et peuvent inclure de la somnolence, divers troubles digestifs (diarrhées, nausées, crampes d’estomac, vomissements), des troubles hépatiques, une perte de poids, une diminution de l’appétit, un assèchement de la bouche et des yeux, des maux de tête, une baisse de la tension, des vertiges et de l’irritabilité.
Les compléments alimentaires dérivés du chanvre contenant du CBD sont contre-indiqués en cas de grossesse, d’allaitement, chez les moins de 18 ans, en cas d’hypersensibilité à l’un des composés, en cas de glaucome, en cas d’insuffisance hépatique ou rénale sévère, en cas d’antécédents de troubles psychotiques, de troubles cardiologiques sévères (infarctus du myocarde) ou d’AVC.
Ils sont impliqués dans un grand nombre d’interactions avec des médicaments. Ainsi, puisque le cannabidiol est métabolisé par le foie et qu’il monopolise plusieurs cytochromes dont les CYP 3A4 et 2C9, il peut augmenter ou dans certains cas réduire les effets de certains médicaments. Aussi, par principe de précaution, il est d’usage de systématiquement déconseiller la prise de ces compléments alimentaires chez les patients traités par des médicaments à marge thérapeutiques étroites ou par des macrolides, des anticoagulants, des antiarythmiques, des anticonvulsivants, des antidépresseurs, des anxiolytiques, des corticoïdes, des narcoleptiques, des hypoglycémiants, des antalgiques de palier 3 et des hormones thyroïdiennes.
En raison du risque de somnolence, il est recommandé d’éviter la conduite suite à la consommation d’extrait de CBD. Par ailleurs, la prise d’alcool ou de tout autre dépresseur du système nerveux central peut potentialiser l’effet de somnolence du cannabidiol.
Il convient de débuter par un dosage faible et d’augmenter très progressivement sans dépasser la dose quotidienne maximale conseillée.
Les personnes qui ne présentent pas de contre-indication et qui souhaiteraient bénéficier des bienfaits des extraits de chanvre en toute sécurité doivent prendre le temps de bien se renseigner ou de faire appel aux conseils d’un professionnel de santé formé sur le cannabidiol afin de trouver un produit adéquat, de bonne qualité, et d’identifier la dose optimale.
Selon l’effet que vous recherchez, demandez-vous quel type de produit est le plus pertinent et le plus adapté. Dans le cas d’une douleur inflammatoire au niveau articulaire par exemple, un produit en application locale pourrait suffire mais une huile sublinguale pourrait aussi être utilisée en complément. D’ailleurs des associations avec d’autres plantes anti-inflammatoires pourraient être pertinentes.
Les extraits à spectre large (broad spectrum) sont considérés comme supérieurs aux isolats de cannabidiol car la présence d’autres molécules permet un « effet d’entourage » capable d’augmenter la réponse obtenue.
Concernant les huiles sublinguales, différentes concentrations en cannabidiol sont proposées et il est recommandé de débuter par un faible dosage (5% ou 10 %) de préférence de manière à pouvoir augmenter peu à peu les doses jusqu’à trouver le dosage optimal.
Si vous avez des difficultés à faire votre choix ou si vous avez peur de vous tromper pour les ajustements de posologie, n’hésitez pas à vous adresser à un pharmacien formé sur le CBD et le chanvre.
Document consultable en ligne sur https://www.drogues.gouv.fr/sites/default/files/2022-01/pharmacologie_cbd_vf_-_dec_2021_0.pdf
En résumé, les mots clés du chanvre
Cannabis, sativa, chanvre, graine, fibre, huiles, peau, acné, sommeil, anxiété, douleur, inflammation.
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