Molécule impliquée dans le transport des lipides au sein des cellules
L'histoirre de L-Carnitine
Découverte en 1905 par des chercheurs allemands et russes, la L-carnitine a été initialement isolée à partir de la viande de bœuf. D’ailleurs son nom provient du mot latin carnis signifiant viande. Toutefois, en dehors des viandes, on en trouve dans de nombreux aliments, notamment produits laitiers et divers fruits, graines, noix, légumes et céréales.
C’est en 1927 que l’on parvient à en identifier la structure chimique et c’est bien plus tard, en 1960, que les chercheurs ont compris son implication dans le transport des lipides au sein des cellules.
Par la suite, bien d’autres travaux ont été entrepris afin de déterminer plus en détails les différents rôles physiologiques de la carnitine, débouchant vers de potentielles utilisations pharmaceutiques ainsi que la commercialisation de compléments alimentaires.
Aujourd’hui de nombreuses interrogations subsistent et certains bienfaits attribués à ce produit sont très controversés (prévention de la maladie d’Alzheimer, brûleur de graisse, perte de poids, meilleures performances dans le sport) …
La carnitine n’est pas à proprement parler un acide aminé mais elle en est très proche sur le plan chimique. Cette grande proximité fait que par abus de langage quasiment tout le monde l’assimile à un acide aminé. En réalité il s’agit d’une amine quaternaire comprenant une chaîne latérale et un acide carboxylique. Il en existe plusieurs isomères mais seule la forme « L » est biologiquement active.
Non seulement elle est directement apportée par la nutrition (très présente dans les aliments d’origines animales), mais elle est également produite dans le foie et les reins à partir des acides aminés lysine et méthionine. Cette synthèse fait intervenir plusieurs enzymes, du fer et des vitamines (C, B3 et B6).
Elle va ensuite se localiser presque intégralement dans les muscles avant d’être excrétée par voies rénales.
Concernant l’absorption intestinale de la L-carnitine, cette dernière arrive à saturation à partir de 2 g chez le sujet sain avec une meilleure assimilation de la carnitine d’origine alimentaire comparativement à celle issue de suppléments. Il est souvent conseillé de prendre les gélules ou poudres à base de carnitine avec des aliments afin d’en améliorer la biodisponibilité.
Les laboratoires qui commercialisent ces compléments alimentaires proposent généralement soit le tartrate de L-carnitine qui est soluble dans l’eau soit l’acétyl-L-carnitine qui est à l’inverse, soluble dans les graisses.
Sur la base des données qui leur ont été présentées, les experts de la Commission européenne et de l’EFSA ont conclu en 2012 que les compléments alimentaires contenant de la L-carnitine ne pouvaient pas revendiquer les allégations suivantes :
Elle est disponible en complément alimentaire sous forme de gélules, de poudre ou plus rarement en solution buvable. Il y en a pour tous les prix. Généralement les fabricants conseillent des doses entre 1 et 3 g par jour, avec les repas. Si le plus souvent, elle est proposée seule, certains laboratoires ont fait le choix de l’associer à des acides aminés, des oligo-éléments et des vitamines.
Outre l’acétyl-L-carnitine, le tartrate de L-carnitine semble être le sel le plus souvent retrouvé dans les compléments alimentaires. Attention cependant à faire preuve d’esprit critique vis-à-vis des allégations santé revendiquées sur la toile et qui ne sont pas en accord avec la réglementation européenne.
Ces bienfaits supposés sont très largement remis en question. En effet, de nombreuses marques indiquent que ce produit agit comme un brûle graisse et qu’il améliore l’énergie, les performances et l’endurance ce qui accroit l’efficacité des séances de sport et contribue à la perte de poids. Mais ce n’est pas parce-que le produit est impliqué dans le métabolisme énergétique que son apport comme complément alimentaire suffit à donner plus d’énergie ou plus d’endurance. De même, s’il est vrai que son rôle physiologique principal est d’intervenir dans le transport des graisses vers la mitochondrie, ce n’est pas pour autant qu’en apporter davantage à l’organisme suffira à accélérer ou à intensifier ce processus.
Ainsi, les mécanismes qui régulent le métabolisme énergétique au sein de la cellule sont complexes et il convient d’apporter plus de preuves scientifiques avant de pouvoir assimiler la L-carnitine à un brûleur de graisse efficace pour la perte de poids ou à un produit qui dope l’organisme.
Tout d’abord, la supplémentation en L-carnitine est nécessaire en cas de carence. Bien qu’un tel déficit soit relativement rare, certains médicaments et certaines anomalies génétiques peuvent en être la cause. En effet, certains antiépileptiques et inhibiteurs de la transcriptase inverse peuvent provoquer une carence en carnitine malgré une alimentation équilibrée.
De même, une insuffisance peut survenir en cas de traitement par dialyse sur une période prolongée ou chez le nouveau-né prématuré sous intubation. D’ailleurs, les laits pour la nutrition infantile sont enrichis en carnitine car les nourrissons ne peuvent pas en synthétiser durant leurs premiers mois. D’autre part, il existe des maladies (déficit héréditaire, pathologies hépatiques ou rénales) qui empêchent la synthèse normale de L-carnitine par l’organisme.
De plus, la prise de L-carnitine aurait des effets positifs chez des patients atteints d’artérite des membres inférieurs avec claudication intermittente.
Cela étant dit, en dehors des problématiques de carence ou d’artérite, la supplémentation en L-carnitine a été largement étudiée notamment chez les sportifs, avec parfois des résultats contradictoires. Les avis des scientifiques divergent, surtout au sujet de son efficacité à booster les performances et l’endurance. Notons tout de même que certaines études à haut niveau de preuve semblent conclure positivement pour la récupération après le sport. Dans un essai clinique de 2021 randomisé en double aveugle contre placébo chez 80 adultes sains, la supplémentation en L-carnitine (tartrate) au-delà de 35 jours a été bénéfique pour améliorer la récupération musculaire quel que soit le sexe ou l’âge.
Par ailleurs, dans une étude de 2022 réalisée chez 143 patients les auteurs ont constaté une amélioration significative de la qualité du sperme après une supplémentation de 3 mois avec de la L-carnitine.
Une revue de la littérature publiée en 2020 et incluant 334 individus a conclu que la L-carnitine a réduit de façon significative les taux de marqueurs hépatiques (ASAT et ALAT) et de triglycérides chez des patients atteints de stéatose hépatique. Mais ces résultats ne semblent pas survenir de façon systématique.
L’avenir nous dira si ces résultats prometteurs se confirment ou non et en attendant il convient de rester prudent quant aux conclusions que nous en tirons et de garder un regard critique quant aux bienfaits avancés par les vendeurs.
La prise de L-carnitine à raison de 2 g par jour ne semble pas présenter de danger pour la santé, néanmoins, comme avec tous produits, il est possible de constater des effets indésirables. En l’occurrence, vous pouvez potentiellement subir des désagréments au niveau digestif (nausées, vomissements, diarrhées et douleurs abdominales).
La supplémentation en carnitine peut, selon la composition du microbiote de celui qui l’ingère, entrainer une augmentation du taux sanguin de TMAO (molécule associée à de l’athérosclérose).
Ainsi, cette supplémentation n’est pas conseillée aux personnes ayant de l’athérome ou des antécédents de maladie cardiovasculaire.
L’utilisation de ce produit est déconseillée chez la femme enceinte ou qui allaite ainsi qu’en cas d’épilepsie (sauf sur avis médical) ou d’allergie.
Il a été rapporté que la carnitine pouvait interagir avec l’acénocoumarol, en augmentant son effet anticoagulant.
Vous devez vous demander quels sont vos objectifs et vos attentes. Quelle est la forme qui est la plus adaptée à vos besoins (gélules, poudre) ? Quelles sont les doses recommandées et les conseils d’utilisation les plus pertinents ?
Soyez attentifs à la liste des composants et interrogez-vous sur la réputation du fabricant et sur la qualité du produit. Il est important de prendre son temps pour faire des recherches, comparer les laboratoires et les prix de ces différents produits. Rappelez-vous qu’un prix trop attractif par rapport à la concurrence doit vous amener à vous poser des questions. En effet, dans certains cas, un prix très faible peut être le reflet d’un manque d’exigence en matière de qualité.
Si des doutes subsistent, n’hésitez pas à demander son avis à votre professionnel de santé et ainsi il pourra vous aider à trouver le produit qui vous conviendra le mieux.
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